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Mémoire des Équipages des marines de guerre, pêche, commerce & plaisance de 1939 à 1945
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71 embarquements


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Année 1925 : BOUXIN

Année 1926 : BOUXIN

Année 1927 : PONCET Pierre

Année 1929 : PLATON Charles

Année 1930 : DIAZ DE SORIA

Année 1931 : BARNAUD

Année 1932 : MOIROUX

Année 1933 : RENON

Année 1934 : VIDIL

Année 1935 : BIENAYMÉ André

Année 1936 : FAVREUL Jean

Année 1937 : KERROS LouisLABAT Robert

Année 1938 : AMINOT A.DOSHERVÉJANIC CorentinLEGRAND RogerPRIGENTQUÉRÉ Henri

Année 1939 : CHOUEZ AlphonseCOUSTEILLE CharlesDELBREILKNOBLAUCH NicolasLE BOT JeanTHOUET Robert

Année 1940 : BERTHELIER AndréDOUARINOU GuillaumePONCET Pierre

Année 1941 : BAUDOINBERTRAND AiméCALAMIA Robert

Année 1942 : DOUARINOU GuillaumeDRANCOURT EdouardHOCHSTETTER JeanHOCHTETTERKERGUILLEC Jean-ClaudeLATRAYE PaulLE BOLLOCH FrancisPARESROCHAS FernandTIXIER DenisTRICHARD Jean


Opération

TORCH

2 groupements auxquels cette unité a été intégrée

7ÈME DIVISION DE TORPILLEURS (ou) 7ÈME DT    ESCADRE D'INSTRUCTION

Article


_UNITE_202_ : naufrage au cap de l'aiguille devant Arzew en baie d'Oran (Algérie) (5225)

par _HOMME_153_ le 08 novembre 1942

Débarqué du sous-marin _UNITE_105_, j'ai embarqué sur le Torpilleur _UNITE_202_ au mois de juin 1941.

J'étais alors quartier-maître de 2ème classe fusilier marin.

La devise de la _UNITE_202_ était :
_PAROLE_Fier au combat, joyeux au port, jamais tornade n'a de tort_

== Bizerte année 1941 ==
Dès le mois de janvier, plusieurs navires sont réarmés : les sous-marins _UNITE_105_, _UNITE_100_ et _UNITE_103_ ; les torpilleurs _UNITE_203_, _UNITE_205_ et _UNITE_202_ de même que l'aviso _UNITE_84_.

Au mois de mai 1941, les sous-marins appareillent en direction de Beyrouth (Liban). Venant de Toulon, le contre-torpilleur _UNITE_708_ vient se ravitailler à Bizerte, puis prend la mer également en direction de Beyrouth. Au cours de la nuit qui suit son départ, il est torpillé par la marine anglaise au large des côtes de la Grèce.

En 1941, la _UNITE_202_ appartient à la 7ème division de torpilleurs, et porte sur sa coque l'inscription T.73. La 7ème division de torpilleur est également composée de la _UNITE_203_ : T.71, et du _UNITE_205_ T.72. Tous trois accompagnés de l'escorteur _UNITE_316_ ont pour mission d'escorter deux fois par semaine les cargos de fret des compagnies civiles : PLM, Seyneville... qui se rendent de Bizerte à Sfax dans les eaux tunisiennes, c'est pour les marins une mission relativement agréable sous le soleil des mois de juillet et d'août.

Aux environs des îles Kerkenah nous passons dans un chenal protégé par des mines. Dans les eaux peu profondes, entre Sousse et Sfax, nous apercevons une vingtaine de cargos italiens qui ont été envoyés par le fond alors qu'ils faisaient route en direction de la Libye pour approvisionner les troupes allemandes.

Décrivant des alignements sur deux files leur mâture émerge.

À la fin du mois d'août 1942, lors de l'appel de 13h00, un officier nous informe que la 7ème division de torpilleurs aura désormais Oran (Algérie) comme port d'attache. Nous quittons Bizerte à 08h00, un jour du mois de septembre 1942, pour arriver à Bône le lendemain matin vers 04h00.

Après 3 jours passés à quai, nous appareillons en direction du port des Andélys (Algérie), où nous avons fait une escale de 3 jours. Nous appareillons ensuite en direction de Bougie (Algérie). Arrivé au cap Carbone, nous effectuons un exercice de débarquement.

Alger est notre escale suivante. Huit jours de ravitaillement en vivres, mazout etc. précèdent notre appareillage pour Mostaganem.

Ce périple se termine par une entrée dans le port d'Oran. À quai se trouvent le sous-marin _UNITE_134_, l'aviso _UNITE_218_, le remorqueur de haute mer _UNITEi_L'AJACCIENNE_, le remorqueur de servitude _UNITEi_CHÊNE_ et un dragueur de mines. La _UNITE_202_ s'amarre au quai Beaupuis, le _UNITE_205_ au quai du ravin blanc à l'aplomb du fort Gambetta, quant à la _UNITE_203_ elle s'amarre entre le quai Lamoune et la jetée nord.

Au début du mois d'octobre 1942, une représentation constituée par les marins de la _UNITE_202_ dépose une plaque commémorative sur la jetée du port voisin de _OPERATION_3_ à la mémoire des marins morts lors des affrontements avec la marine anglaise le 03 juillet 1940. Une garde d'honneur se rend ensuite au cimetière situé à proximité du fort des santons pour honorer les marins morts pour la France.

Au cours de la période qui suit les torpilleurs se relayent pour effectuer une surveillance des installations de la base aéronavale d'Arzew. Ces rotations durent 24 heures.

Vers la fin octobre, le Torpilleur _UNITE_203_ appareille pour Casablanca (Maroc) afin d'escorter trois navires en provenance de Dakar (Sénégal). Arrivant à la perpendiculaire de Nemours (Algérie) il se trouve en queue d'un important convoi puissamment protégé par une escorte de navires américains. S'approchant à faible allure de ce convoi, il lui est ordonné de s'en éloigner.

Le 06 novembre 1942, la _UNITE_203_ entre dans le port d'Oran avec le cargo _UNITEi_BAMAKO_, et les sous-marins de 1500 tonnes _UNITE_127_ et _UNITE_76_. Terminant ses réparations, le contre torpilleur _UNITE_27_ est mis à l'eau encore tout bariolé de peinture au minium.

La journée du 07 novembre 1942 n'est pas une journée comme les autres. Tous les permissionnaires ont droit de descendre à terre, toutes les deux heures sans distinction de bordée. Tout l'équipage devra être de retour à bord pour minuit. La soirée est quelque peu angoissante, chacun se demande ce qu'il se passe. Après l'appel de 19h00 les chaudières sont allumées, les mécaniciens font chauffer les turbines, un camion chargé d'explosif quitte le quai, à son bord, un commando part faire sauter le pont donnant accès à la route de Nemours à Oran.

Les hommes de pont sont employés à approvisionner les norias destinées à alimenter en obus les canons de 130 mm, de même que l'armement des mitrailleuses.

Vers 20h00, un officier est appelé au fort Lamoune où se trouve l'amirauté. À son retour, on nous informe :
_PAROLE_Casse croûte à minuit pour tout le monde_

Après quoi, nous repartons dans nos hamacs.

À minuit, les fusiliers marins placés sous les ordres du capitaine d'arme entament un réveil discret de l'équipage. Nous dégustons notre casse croûte et gagnons le poste de combat. À la machine, les mécaniciens balancent les turbines, les ventilateurs de chaufferies tournent en sourdine, nous entendons ronfler les groupes électrogènes.

L'équipe de sécurité s'assure que les hublots avec leur tape blindée sont bien fermés.

Le 08 novembre 1942, il est environ 3 heures du matin, la température est d'une douceur printanière, la pleine lune et un temps parfaitement dégagé éclairent le port d'Oran d'une lumière bleutée. Seule à l'entrée de la passe, une brume légère enveloppe le remorqueur _UNITEi_CHÊNE_ de garde cette nuit là.

Tout à coup un tir de canon provenant du remorqueur de garde informe les équipages placés au poste de combat qu'il se passe quelque chose d'anormal. C'est alors qu'un navire entre dans le port tous feux éteints. À son bord se trouve un commando armé ayant pour mission de s'emparer de la place. Il est probable que le commandant de ce navire était informé de la disposition du port. Il se trouve alors nez à nez avec le torpilleur _UNITE_203_ qui dirige un projecteur allumé sur l'intrus afin de connaître sa nationalité. Il s'agit de l'_UNITEi_ARTLAND_ battant pavillon américain. Ce dernier envoie aussitôt une salve de mitrailleuse pour détruire le projecteur. C'est alors que des tirs fournis des mitrailleuses et un tir au canon de 130 mm, presqu'à bout portant provoquent d'importants dégâts et un incendie sur le bâtiment américain. Après avoir viré sur son ancre et décroché en marche arrière, celui-ci explose et sombre corps et biens. Seuls 4 militaires sont sauvés et fait prisonniers.

L'amirauté ordonne le branle-bas de combat général suivi par les sirènes de la ville.

La _UNITE_203_ et la _UNITE_202_ appareillent alors qu'un second navire le _UNITEi_VALNAY_ pénètre à son tour dans le port et se présente face au torpilleur _UNITE_205_. Le scénario précédent se reproduit envoyant pas le fond le navire américain qui sombre également corps et biens. Arrivant en face, la _UNITE_202_ est obligée de se porter sur bâbord afin d'éviter le navire naufragé. Étant trop près de la passe le torpilleur abîme son étrave en touchant un contrefort. Une partie de sa coque située sous la ligne de flottaison est arrachée. Durant plus d'une heure, l'équipe de sécurité s'emploie à colmater la brèche. Après quoi, la _UNITE_202_ reprend sa route en direction d'Arzew. Toutefois, la vitesse du navire est contrariée par l'étrave endommagée provoquant une résistance au déplacement et limitant sa vitesse à 6 nœuds.

Il me semble que dans ma vie je n'ai jamais vu une nuit passer d'un beau clair de lune à une nuit d'un noir intense. Cette obscurité était angoissante, j'attendais avec impatience le levé du jour qui tardait à poindre. Je me souviens qu'à l'horizon deux éclairs et des flammes ont troublé le noir intense de cette nuit. Enfin le jour s'est levé. Le temps était légèrement voilé, la mer était d'un calme plat. Nous nous trouvions sous les falaises de Camastel au niveau du sémaphore. À huit heures trente nous avons croisé un sous-marin : l'_UNITE_387_ à qui nous avons rendu les honneurs. Puis il plongea pour ce qui devait devenir sa dernière mission.

À la pointe des Andalous, les troupes américaines débarquaient. Disposé en demi cercle plus de 20 navires : croiseurs, porte avion et un cuirassé de type _UNITEi_NELSON_ assuraient leur protection.

Par ailleurs, la baie d'Oran était cernée par les bâtiments de la Royale Navy, de la base d'Arzew à la pointe des andalous. Les batteries du fort des Santons et du fort de Camastel faisaient feu sur les navires britanniques dont les tirs nourris réduisaient rapidement au silence les deux fortifications.

Nous apercevions le torpilleur _UNITE_203_ hors combat, la plage avant immergée et les hélices hors de l'eau. Proche de la côte les marins rescapés regagnaient la rive en nageant.

Dans une avance lente, la _UNITE_202_ reçu un message en scott du cuirassé _UNITEi_COMMODORE_, lui ordonnant de se rendre. C'est alors que les navires anglais ouvrir le feu dans notre direction. Des gerbes d'eau résultant des tirs de réglage des bâtiments britanniques amena un officier torpilleur à solliciter du commandant l'abandon à la mer de torpilles et de grenades afin d'éviter qu'elles explosent lors d'un tir au but adverse. Cela fut fait. La _UNITE_202_ épuisa ses munitions par des tirs continus de ses quatre canons de 130 mm. Sous le feu de l'escadre britannique elle est atteinte par un obus, l'explosion blesse à la poitrine un marin, le serveur de la noria a l'avant bras arraché. Un second obus pénètre la coque sous la ligne de flottaison. Le collecteur principal de vapeur laisse échapper un jet à 600°, endommageant gravement les turbines et tuant les marins qui s'y trouvent. Trois hommes arrivent à s'extraire de cet enfer. L'un d'eux âgé de 18 ans, la jambe en partie arrachée décède sous nos yeux. Un troisième obus touche le navire tuant le servant de la pièce de 37 mm située à l'arrière, puis un quatrième traverse le pont à tribord tuant l'officier torpilleur et des hommes de l'équipe de sécurité.

C'en était fini, la _UNITE_202_ glisse sur son erre jusqu'à proximité du cap de l'aiguille. Un homme sort de la machine, il me dit en s'essuyant les bras :
_PAROLE_Ils ont eu la peau mais pas les os._

Je l'accompagne jusqu'à l'embarcation d'évacuation. Il n'y avait plus de place, je décide alors de regagner la rive à la nage, plusieurs marins l'ont déjà atteinte.

Les explosions sous marines avaient tué de nombreux poissons et notamment des « Chiens de mer » dont la tête émergée fait apparaître une dentition impressionnante. Alors que je tente de regagner la terre, l'arrière de la _UNITE_202_ s'enfonce entraînant le reste du navire, l'étrave dirigée vers le ciel disparaît sous les flots. Un tourbillon provoqué par le navire produit un effet d'aspiration dans lequel je suis pris, durant une ou deux minutes je ne peux rien faire sinon descendre vers l'abîme. Dans cet instant où l'on pense que l'on va mourir, des images de ceux qui nous sont chers nous viennent en mémoire : notre femme, nos enfants, nos parents ... cet instant à la fois très court mais qui nous paraît interminable restera gravé à jamais.

Par chance, les fonds marins à cet endroit ne sont que de 35 mètres environ et la _UNITE_202_ se stabilise sur le flanc. Un effet de remous contraire me renvoie à la surface, épuisé mais vivant j'arrive à regagner les rochers qui forment la rive.

D'autres navires furent envoyés par le fond : l'aviso _UNITE_218_, le sous-marin _UNITE_127_.

Il était midi, le calme était revenu sur la baie d'Oran toujours encerclée et survolée par les avions anglais. Nous avons fait un appel et avons regagné le sémaphore par la route. Nous l'avons atteint vers 17 heures. Le gardien nous a offert un bol de vin, je savourai chaque gorgée et bénissait le ciel d'être encore en vie. Vers 18h00 nous avons embarqué sur le remorqueur _UNITEi_L'AJACCIENNE_ à bord duquel nous avons bu du café et mangé une tranche de pain. Durant la nuit, je suis resté dans la chaufferie afin de pouvoir sécher mes vêtements. Le lendemain _UNITEi_L'AJACCIENNE_ battant pavillon de la croix rouge a appareillé pour nous ramener à Oran.

À quai, on nous a donné des vêtements et du savon. Nous avons gagné les installations souterraines pour y prendre nos quartiers. J'ai été affecté aux transmissions d'ordres. Le reste de l'équipage a été constitué en commando destiné à défendre l'entrée de la base d'Oran, car les combats n'étaient pas finis.

Au large, le torpilleur _UNITE_205_ faisait toujours face à l'escadre britannique, les combats ont duré trois jours. Et puis, le cessé le feu général est arrivé.

Les forces américaines sont entrées dans la ville. La population enthousiaste les accueillait dans une liesse indescriptible _PAROLE_Les américains sont là !_

L'équipage de la _UNITE_202_ a passé huit jours derrière les barbelés, prisonniers des américains. Le torpilleur _UNITE_205_ au terme d'un héroïque combat s'est sabordé devant la passe du port d'Oran.

Puis un ordre en provenance de l'état major a été affiché :
_PAROLE_Nous reprenons les armes aux côtés des forces alliées_

J'ai été affecté à la 8ème batterie de _GLOSSE_DCA_ mobile déjà en action à Tebessa (frontière Tunisienne). C'était le début de la campagne de Tunisie.

Le 07 mai 1943 la batterie rentrait triomphante à Tunis déclarée ville ouverte. Le 2ème front du débarquement en Afrique du nord était créé.

Cette dure période de combat a laissé dans ma mémoire un souvenir que je ne suis pas près d'oublier à 92 ans.

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