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La Tragédie de Berlaimont (2606)

par Lucien MORAREAU de l'ARDHAN le 25 novembre 2006

Le 19 Mai, les reconnaissances aériennes signalent des concentrations de blindés allemands au carrefour de BERLAIMONT, près d'AULNOYE sur la SAMBRE et une mission d'assaut à effectif maximum est demandée.

Compte tenu du peu de dégâts occasionnés les jours précédents, l'AB2 peut aligner ses 12 machines. L'AB4 quant à elle ne disposera que de neuf LN.411 car à la demande du CC NOMY, sa 4ème section (EV1 DE RODELLEC DU PORZIC), va rester à BERCK en protection d'une éventuelle attaque ennemie.

Francis LAINÉ qui est plus ancien en grade que LORENZI, prend la tête de l'ensemble des deux escadrilles. Le décollage s'effectue aux environs de 18H15 mais l'un LN de l'AB2, celui du second maître HAUTIN est contraint, à la suite d'ennuis au moteur, de se reposer immédiatement.

Les autres appareils se regroupent et mettent le cap sur l'objectif. La formation est impressionnante, vingt avions impeccablement disposés par section de trois, ne sont pas choses courantes à cette époque au sein de l'Aéronautique Navale, voir de l'Armée de l'Air. Hélas les choses vont rapidement se gâter, la navigation de Francis LAINÉ amène les deux escadrilles à la verticale de la forêt de MORMAL, à l'ouest de BERLAIMONT. C'est le piège mortel, car les sous-bois sont littéralement truffés d'engins blindés de toutes natures. La DCA légère se déchaîne sur les avions français dont certains ne parviendront même pas jusqu'au carrefour.

Francis LAINÉ ordonne la mise en échelon refusé par la droite, l'AB4 en tête, suivie de l'AB2. Il prend rapidement de l'altitude et en vue du carrefour routier, bascule son Loire et déclenche son attaque. Sa section est composée du maître TEOULET et du second maître GOASGUEN. Avant même d'avoir pu larguer sa bombe, TEOULET est atteint par un obus qui le décapite littérallement. Son appareil vole encore quelque minutes avant de s'abattre dans un champ sur le territoire de la commune de FONTAINE-AUX-BOIS.

Francis LAINÉ et GOASGUEN s'en sortent par miracle, bien que le 411 du commandant de l'AB4 ait été touché par un obus de 20mm qui détruit le poste de radio. La 2ème section est emmenée par le LV HABERT avec le maître Marcel BILLIEN et le second maître KLEIN comme ailiers. Miraculeusement elle parvient à mener à bien son attaque et à traverser sans trop de dommages le rideau de feu tendu par la flak. Par contre la 3ème section composée de l'EV1 Patrice DECAIX et des seconds maîtres Albert JAMAIS et ROCHON tombe dans le piège. Les artilleurs allemands ont maintenant leurs éléments de visée et cela devient du tir au pigeons. Patrice DECAIX dont le moteur est touché est obligé de se poser train rentré dans un champ, Albert JAMAIS et ROCHON bien que leurs appareils soient également atteints et truffés d'impacts, tirent quelques rafales de canon de 20 millimètres puis larguent leur bombe et s'échappent à tire d'ailes.

Le coeur serré, les pilotes de l'AB2 ont vu leurs camarades plonger dans la fournaise. C'est leur tour maintenant et à la suite de leur commandant et sous un angle légèrement différent, ils piquent sur l'objectif. Le LV LORENZI et ses ailiers, les seconds maîtres NIEL et BAGOT parviennent à loger leurs bombes juste sur le carrefour. Le LV VILBERT qui commande la deuxième section a juste le temps de préparer sa visée, atteint de plein fouet, son moteur se met à perdre tout son liquide de refroidissement et à hoqueter. VILBERT réussit néanmoins à larguer sa bombe, mais à la ressource, son moteur s'arrête définitivement et rendant la main, le pilote ne peut que se poser tant bien que mal, train rentré, droit devant lui. Ses ailiers, les seconds maîtres LE MOAL et MOULINIER, plus chanceux, parviennent à atteindre l'objectif et à s'en tirer.

La 3>ème section ne se compose que de deux appareils, pilotés respectivement par l'EV1 Marcel DOUXAMI et le maître PASCAL. Ils plongent à leur tour dans le chaudron ardent que sont devenus le carrefour et ses environs. La fumée dense provenant des nombreux véhicules en feu masque un peu l'objectif, mais ne semble guère gêner les artilleurs allemands, car tout en reprenant de l'altitude, Marcel DOUXAMI se rend compte que son Hispano a été atteint et un panache de vapeur blanche s'échappe du capot éventré. De PASCAL, on ne saura rien, sinon que son corps sera retrouvé, près de LANDRECIES, dans l'épave son Loire, probablement lui aussi tué en vol avant d'avoir pu conduire son attaque.

Il ne reste plus qu'une seule section, celle de l'EV1 Robert FAIVRE. Malgré le spectacle terrible dont ils viennent d'être témoins, Robert FAIVRE et ses deux équipiers le maître MÉHEUT et le second maître Louis BONNEFOY, se lancent à leur tour à l'assaut du carrefour qui est maintenant un chaos de flammes et de fumée. Robert FAIVRE est immédiatement encadré et ramasse un obus dans un plan, un autre lui arrache une partie de l'empennage. MÉHEUT et Louis BONNEFOY (« Papillon ») traversent par miracle le rideau de flammes, mais malgré tout un coup heureux d'Oerlikon arrache la dérivette droite de l'avion de Louis BONNEFOY. Ayant perdu son chef de section, MÉHEUT suivi comme son ombre par Louis BONNEFOY se plaque au ras des arbres et mettant le cap à l'ouest, parvient à quitter sans autre dommage la zone mortelle.

C'est fini, en quelques minutes, quatre appareils ont été abattus et deux pilotes tués. Au sol de nombreux véhicules ennemis brûlent et l'avance allemande sera retardée de quelques heures. Mais en l'air la tragédie n'est pas consommée, les dommages subit par certains Loire sont trop importants pour leur permettre de regagner les lignes amies et successivement : BAGOT, Marcel DOUXAMI, KLEIN et Albert JAMAIS sont obligés de se poser sur le ventre, en campagne. L'EV1 Robert FAIVRE qui malgré l'état pitoyable de sa machine, essaie de regagner l'ouest, est intercepté et pris à partie par quatre Messerschmitt BF109. Incapable de manœuvrer son appareil, il est à nouveau touché et le moteur grillé, il st finalement contraint lui aussi de se poser dans un champ à dix kilomètres au sud de Cambrai.

Mais il est dit que cette mission sera funeste jusqu'au bout, le second maître GOASGUEN qui malgré les dommages reçus par son appareil a pu regagner les lignes françaises, est pris sous le feu de la DCA amie. Malgré toutes ses tentatives pour se faire reconnaître, il est abattu et tué dans la chute de son appareil près d'ETREUX dans l'AISNE. Les artilleurs français se précipitent auprès de l'épave et là seulement se rendent compte de leur méprise, mais sont-ils vraiment responsables ? Les Loire-Nieuport 401/411 sont très peu connus de nos soldats et leur ressemblance frappante, surtout par la forme des ailes, avec le Junkers 87 'Stuka', peut expliquer cette tragique erreur.

Un par un, les avions survivants arrivent à BERCK. Au sol, les mécanos et arrimeurs sont atterrés, dix appareils seulement sur les vingt partis et pour certains dans quel état... A l'impact d'atterrissage, l'empennage du Loire de Louis BONNEFOY qui tenait vraiment par miracle, se détache et tombe au sol. Interrogés par leurs camarades rampants, les pilotes répondent brièvement, par monosyllabes, tous sont encore sous le coup de la tragédie.



La Tragédie de Berlaimont : Le Pont d'ORIGNY-SAINTE-BENOÎTE (2214)

par Lucien MORAREAU de l'ARDHAN le 09 novembre 2006

Le lendemain (NDLR le 20 mai 1940) et un premier temps d'abattement passé, les mécaniciens se mettent au travail pour remettre en état de vol le maximum d'appareils possible. Mais les dégâts importants, additionnés au fait que la quasi totalité des rechanges a été laissée à QUERQUEVILLE, ne facilite pas le travail. En fait, seules trois machines sont prêtes à reprendre l'air : les deux 411 de la section DE RODELLEC DU PORZIC de l'AB4 et le seul 401 de l'AB2 qui, la veille, a du faire demi-tour à la suite d'un un ennui mécanique. A 16H00, NOMY reçoit l'ordre de faire décoller tout ce qui est disponible, pour aller attaquer conjointement avec les Chance Vought de Guillaume BONNET, le pont d'ORIGNY-SAINTE-BENOÎTE sur l'OISE.

Le point de rendez vous est le terrain de BERCK, les pilotes devront décoller lorsque les Vought arriveront à sa verticale. Les armuriers se mettent immédiatement à l'ouvrage sur les trois Loire en état, mais malgré leur célérité, les appareils ne sont pas prêts lors qu’arrive Guillaume BONNET. L'escadrille du LV MESNY fait deux ou trois tours de terrain, puis met le cap à l'ouest et part vers son destin.

Ce n'est finalement que plus de 10 minutes après le départ des Vought que DE RODELLEC DU PORZIC (AB4) flanqués des seconds maîtres ELIOT (AB4) et HAUTIN (AB2) peut décoller. Compte tenu des performances plus modestes des Loire, il est illusoire de tenter de rattraper Guillaume BONNET et sagement le chef de la petite formation ne s'y essaie pas. Après une demi heure de vol sans histoire, l'objectif est en vue. Mais il est bien gardé et les alentours du pont sont truffés de pièces de flak légère qui se déchaînent dés que les appareils de la Marine sont en vue.

DE RODELLEC DU PORZIC fait mettre ses deux ailiers en échelon refusé puis bascule son avion dans un piqué à 45°. Suivi de ses deux équipiers, il plonge sur le pont, largue sa bombe et entame une ressource serrée. D'un bref coup d’œil par dessus son épaule, il a vu une colonne de flammes et de fumée s'élever le long du tablier, quelqu'un a donc fait mouche. Lorsqu'il se rétablit hors de portée des armes allemandes, il constate que seul l'appareil de ELIOT l'a rejoint. Celui de HAUTIN ne reparaît pas, victime du piège mortel tendu par les canons de 20 millimètres à tir rapide.

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